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Apprentissages/Stages/Alternances

« L’apprentissage, réponse essentielle à la crise économique »

Interview avec Patrick Brandmaier, directeur général de la Chambre Franco-Allemande de Commerce et d'Industrie, pour Centre Inffo. 

Patrick Brandmaier, directeur général de la Chambre Franco-Allemande de Commerce et d’Industrie fait le point sur la situation de l’apprentissage outre-Rhin et les initiatives en faveur de la mobilité des jeunes.

Par Eric Delon - Le 23 décembre 2020.

Le Quotidien de la formation : Malgré la pandémie, la hausse de l’apprentissage en France est spectaculaire depuis deux ans. Qu’en est-il en Allemagne, pays modèle en la matière ?

Patrick Brandmaier – Nous constatons, outre-Rhin, une baisse des effectifs d’apprentis depuis plusieurs années. Cela s’explique par deux facteurs principaux : le vieillissement de la population et la volonté de plus en plus répandue, parmi les jeunes générations, de passer le baccalauréat général. La crise du coronavirus pourrait accélérer cette tendance. Les professionnels craignent, en effet, un effondrement des offres des entreprises. Toutefois, le nombre total d’apprentis diplômés en Allemagne demeure très élevé (1,3 million en 2019) confirmant que l’alternance demeure la voie d’excellence outre-Rhin. Le système de formation dual et la bonne image des métiers techniques et manuels expliquent le succès des formations en alternance et le très faible taux de chômage des jeunes. En mars dernier, 5,6 % des moins de 25 ans étaient à la recherche d’un emploi en Allemagne, contre 20 % en France.

Comment jugez-vous la collaboration franco-allemande en matière d’apprentissage ? Vous semble-t-elle satisfaisante ?

P. B. – Entamée dès le début des années 1960, la collaboration entre nos deux pays, en matière éducative, demeure très riche. Les liens se sont amplifiés avec le temps, avec aujourd’hui un haut niveau de coopération notamment grâce à des partenaires tels que l’OFAJ (Office franco-allemand pour la jeunesse), l’Université franco-allemande (UFA) ou encore ProTandem. Au sein de la Chambre franco-allemande de commerce et d’industrie, nous menons de nombreuses actions en la matière, à l’image de la plate-forme franco-allemande « Écoles – entreprises » qui constitue un soutien à l’orientation professionnelle des jeunes et à la promotion de l’apprentissage de l’allemand et du français. Par ailleurs, nous organisons chaque année deux programmes de mobilité. Le premier – trois semaines en France – s’adresse à des apprentis étudiant dans des écoles allemandes afin qu’ils puissent découvrir la culture de l’entreprise en France ainsi que la culture du pays. Le deuxième, long de trois jours et également en France, s’adresse aux formateurs exerçant leur activité dans des écoles d’enseignement professionnel allemandes afin qu’ils puissent également découvrir la culture d’enseignement et d’entreprise en France.

La crise économique est-elle de nature à remettre en cause le système de l’apprentissage ? Ou est-ce le contraire ?

P. B. – En France et en Allemagne, nous partageons l’analyse qu’il est impératif de renforcer le système de l’apprentissage dans nos deux pays. En raison de la crise sanitaire et de la crise économique, de nombreux jeunes en France et en Allemagne se retrouvent sans emploi et de nombreuses entreprises éprouvent des difficultés économiques. A cet égard, la formation professionnelle, avec en premier lieu l’apprentissage et l’alternance, demeure un facteur majeur de succès pour les jeunes et les entreprises dans nos deux pays et une réponse essentielle à la crise économique mondiale.